Film extraordinaire. Film cerveau d'un auteur dans lequel j'aime beaucoup être.
Des personnages "tubes à mental", un vision cauchemardesque mais avec un humour décalé, un brio typiquement français.
Dans les couloirs du métro, Alphonse (Depardieu) tombe sur le quidam de la scène précédente (Serrault), un couteau (celui d'Alphonse) dans le ventre. Serrault dit qu'il est en train de mourir sur le ton de quelqu'un qui dit qu'il est en train de pisser. "Quel effet ça fait ?", lui demande Alphonse, qui cauchemarde avec nous. "Un peu comme un lavabo qui se vide", lui répond avec la même distance le comptable moribond, qui "en a vu d'autres" et pour qui "c'est juste un mauvais moment à passer". Il dit aussi que, bizarrement, ça ne lui fait pas mal. Il "ne se sent pas dans son assiette".
Incarné par trois comédiens incroyables et superbement dirigés, un unique personnage-idée éclaté dans sa psyché (les trois instances freudiennes, ça/moi/surmoi), son développement (jeune, mûr, vieux), ses rapports inter-générationnels (grand-père, père, fils)…
La Défense : merveilleux choix de décor pour ce personnage calfeutré.
Séquence finale absolument bouleversante : émerveillement dû à une touche de conte féérique (et ils eurent beaucoup d'enfants… ici ils seront à peine parlés…). Mais le décor, les couleurs, la lumière font de ce dernier plan une image envoûtante, quoique trop acidulée.
Je suis juste sous le choc de cet enchaînement de scènes tubulaires. Une petite pilule à cauchemars sympathiques, bien ciselée, légèrement acide, avec des scènes cultes qui se revoient avec délectation.
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