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dimanche 20 février 2011

"The Thin Red Line" de Terrence Malick (1998) avec James Caviezel, Nick Nolte, Sean Penn, Elias Koteas, John C. Reilly, John Cusack, Woody Harrelson, John Savage, Adrien Brody

Film choral, mais chœur de voix intérieures. 
Polyphonie formelle en accord avec une recherche métaphysique d'unité panthéiste derrière l'apparente dualité. Rien de cucul ou New Age. Au contraire, à travers toutes ces voix, Malick pose des questions fondamentales, et je trouve ça plutôt courageux d'assumer si clairement ces questionnements de nos jours.

Vrai film d'auteur, très beau scénario, parfois chargé d'une sombre puissance (scène sur le bateau). Film anti-guerre plus intéressant, plus mûr qu'"Apocalypse Now".

Intériorité dans le contexte dramatique de la guerre. 
Cf le traitement de la crise de panique, en pleine bataille, du sergent McCron (John Savage) qui finit par "péter les plombs" et crie en brandissant une plante cassée : "That's what we are".
Vision brute, réaliste, de la guerre. 
Dureté des rapports humains. Le sergent Edward Welsh (Sean Penn), à Witt : "In this world, a man, himself, is nothing. And there ain't no world but this one."
Peur (avant le débarquement à Guadalcanal, ou quand la patrouille découvre les corps mutilés dans les bambous).
Faim, soif, crasse, épuisement… 
Dormir dans la boue.
Les balles fusent de très loin, avec un étincelle. 
Brutalité des explosions. 

Casting magnifique (à part Travolta qui joue avec la finesse d'un crétin des Alpes italiennes ; son texte est fort, comme l'ensemble des dialogues du film, mais il est ridicule en brigadier général).
James Caviezel ("Witt", ci-contre) is a natural : au début, dans l'îlot paradisiaque mélanésien, visage détendu, sourire rayonnant, échanges sereins avec les indigènes, corps svelte et musclé, il est très beau.
Excellent Woody Harrelson dans la scène où il est mortellement blessé ("I just blew my ass off !") par une grenade qu'il a mal dégoupillée.
La scène dans les barges de débarquement est emblématique du style du film : mouvement ample et puissance intérieure, à l'instar de la nature (l'océan en l'occurrence).

Scène culte (ci-contre) où, à Guadalcanal, la patrouille croise un indigène mélanésien qui ne les calcule pas.

Superbe plan quand Witt soigne les blessés au bord de la rivière en méditant en voice over : "Maybe all men got one big soul who everybody's a part of…"

Intelligence du flashback sur le passé amoureux d'un soldat qui avance dans la patrouille de tête : on ne voit jamais son visage. Dans un souvenir (ou un rêve), on ne se souvient pas de soi, de sa propre apparence.

A la fin, lors de la prise des positions japonaises sur la colline (ci-contre), les considérations en voice-over sur le mal auraient pu être pompeuses. Mais c'est superbement réalisé, dans l'avancée continuelle des soldats américains, en prise au danger tout azimut, à la folie. 

Respect pour la scène de prière du capitaine Staros (Elias Koteas), devant la flamme d'une bougie. Mettre en scène une prière n'est pas chose aisée (en témoigne les ratés de "Des hommes et des Dieux") et ici c'est simple et vrai.
Quant à la scène où, en pleine bataille, Witt accompagne le jeune soldat qui meurt, pour moi elle suffirait à justifier le film, la filmographie de Malick, le cinéma en général ; avec en particulier cette contre-plongée (ci-contre) du point de vue du moribond sur le soleil à travers les feuilles trouées. C'est ma came, je me sens proche de Malick. 

Idem pour les nombreuses réflexions sur "the Glory", "the Light" : approche spirituelle qui me parle… 
Voice over de Witt : 
"We were a family. How'd it break up and come apart, so that now we're turned against each other ? Each standing in the other's light ? How'd we lose that good that was given us ? Let it slip away. Scattered it, careless. What's keepin' us from reaching out, touching the glory ?"
Voice over de Private Train (John dee Smith) : "Who are you to live in all these many forms ? Your death that captures all. You, too, are the source of all that's gonna be born. Your glory. Mercy. Peace. Truth. You give calm a spirit, understanding, courage. The contended heart (…) 
One man looks at a dying bird and thinks there's nothing but unanswered pain. That death's got the final word, it's laughing at him. Another man sees that same bird - and fells the glory - feels something smiling through it."

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