"I'm not Marlon Brando. I'm not Nijinsky", dit Tony Hunter (Fred Astaire, qui a une "gueule" sans avoir besoin de se mettre du coton dans les mâchoires).
Le scénario joue sur une pseudo mise en abyme du destin de Fred Astaire en star sur le retour.
Fred Astaire arrive à nous en convaincre, et cela ajoute à l'attrait sympathique du film.
Le premier ballet : "By myself". Tony est un peu seul dans son monde, celui qu'il aime : celui de l'entertainment, où l'on chante et où l'on danse. Et ce personnage sharp entraîne les autres avec lui dans ce monde. "Tous en scène" est un bon titre français.
Film bulle de champagne : un rythme soutenu, qui fait que l'on ne s'ennuie jamais comme cela peut arriver dans certaines comédies musicales.
Fred Astaire et Cyd Charisse (Gabrielle) sont pétillants, plein de vie. J'ai aimé la première scène où ils dansent ensemble, dans la gare : leurs mouvements chorégraphiés contrastent avec ceux des passants.
Légèreté toujours, même dans le début légèrement mélancolique de la séquence sur "A Shine on your shoes". Déambulant sur la 52ème avenue de New York, Tony joue, s'amuse, et transforme bientôt la rue en une grande fête foraine.
C'est l'incroyable force de conviction de Fred Astaire qui assure la réussite des transitions aux passages chantés/dansés.
"When you feel as low
As the bottom of a well And can't get out of the mood
Do something to perk yourself up
And change your attitude
Give a tug to your tie
Put a crease in your pants
But if you really want to feel fine
Give your shoes a shine"
Il y a un côté un peu dingue dans la scène entre le blanc sophistiqué au canotier et le cireur noir en chemise hawaïenne : une sorte de joyeux racisme…
Et là, Minnelli fait de cette séquence un magnifique manifeste de cinéma, lorsque Tony utilise les attractions de la foire dans sa danse.
Efficacité comique de la mise en scène : on rit rien qu'en pensant à ce que le metteur en scène de tragédies austères, Jeffrey Cordova (Jack Buchanan), pourrait faire d'un projet de comédie musicale.
Vigueur du scénario : hop, on rebondit dans la scène suivante, où Jeffrey se révèle en fait décontracté, plein d'énergie et très terre-à-terre (impossibilité d'un personnage aux visées sérieuses dans un "musical"). Mais ça en fait un personnage complètement barge, obsessionnel et tenace, même si tout ce que recherche ce metteur en scène "intello" d'opérette, c'est "a smash hit".
Scène culte où ils discutent du projet (ci-contre). Jubilatoire.
"Kids, you are all geniuses", dit Jeffrey. "It's all entertainment".
Beau plan de la balade de Tony et Gabrielle en calèche… "Trees… grass"… Ils redécouvrent le monde commun après des semaines de répétition. Sensualité de Cyd Charisse dans sa robe blanche !
Etrange manière de solder le spectacle en trois plans sur des dessins en noir et blanc sinistres et conceptuels accompagnés d'une musique lugubre.
A certains moments, le mélo affleure et les couleurs de Minnelli apparaissent. Quand Gabrielle décide de rester dans le nouveau show et que son Pygmalion chorégraphe (James Mitchell) la quitte.
Le numéro des "Triplets" (les danseurs en bébés, face caméra) : culte.
"MGM has a leoMomy has a trio"
Dans "The girl hunt" ballet, la danse du film noir où Tony joue un détective qui se fait agresser dans la rue, Minnelli fait tourbillonner la caméra.
Magnifique montage : fondu enchaîné entre un plan qui tourbillonne et un autre dont les décors ont des couleurs incroyables (vert sombre et violet) qui font le lien entre les deux plans. Minnelli fait éclater sa palette singulière dans cette scène, où ce n'est pas la danse qui prime, mais le cinéma. Le grand réalisateur coloriste rend hommage à l'esthétique du film noir, avec la touche décalée qui sied à la comédie, à l'instar des paillettes sur la robe rouge de femme fatale de Cyd Charisse, au galbe d'anthologie.
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