Nombre total de pages vues

mardi 22 mars 2011

"La Source" d'Ingmar Bergman (1960) avec Max von Sydow, Birgitta Valberg et Gunnel Lindblom

"Je dois dire que "La Source" est un accident de parcours", jugera Bergman, dix ans après avoir reçu l'Oscar du meilleur film en langue étrangère.
"C'est un film beau, mais d'une beauté qui plaît aux touristes, et c'est une misérable imitation de Kurosawa".
Pour lui, la Source est un film "mort." "Pour beaucoup de raisons".

Le fait qu'il n'ait pas écrit le scénario seul n'est probablement pas pour rien dans le jugement sévère qu'il porte sur ce beau film.

Moi, même les cendres du génie de Bergman imitant Kurosawa, je les prends et les vénère !…

Par exemple, cette séquence au début, proprement "merveilleuse", où Karin (ci-dessous, Brigitta Pettersson) part à cheval porter des cierges à l'église avec sa sœur adoptive Ingeri (Gunnel Lindblom) : la bande-son (la musique, les sons de la nature), la forêt, les paysages ensoleillés, tout respire la joie, la douceur, la légèreté, telles que racontées dans les commencements de contes de fées…
Le touriste du cinéma que je suis a peut-être ressenti dans cette séquence quelque chose du bonheur que, d'après Peter Cowie, le réalisateur aurait vécu pendant le tournage du film  : 
"Bergman raconte comment par une matinée pluvieuse, ils essayèrent de tourner un travelling à travers la forêt, avec une équipe de vingt-deux personnes seulement. Le matériel étant assez rudimentaire, il fallait procéder à des répétitions techniques compliquées. Soudain, il y eut une éclaircie, le soleil se mit à briller à travers les nuages, et Bergman décida de tourner. A ce moment-là, un collaborateur poussa un cri en montrant le ciel. Deux grues s'envolaient majestueusement au-dessus de la forêt des pins. 
"Nous avons tout laissé tomber pour courir au sommet d'une petite colline surplombant le ruisseau et mieux suivre le vol des deux oiseaux." Les grues finirent par disparaître à  l'horizon, et toute l'équipe reprit le travail, le moral remonté par cette vision.
"J'étais soudain heureux et soulagé", raconte Bergman. Je me sentais vraiment chez moi, en sécurité""

Cette scène sera évoquée plus tard par le poète errant : une journée qui commence bien peut mal finir.

La confrontation manichéenne moyenâgeuse, l'intrication du paganisme et du christianisme -ces flottements que Bergman se reprochera- se retrouvent dans la typologie des sœurs :
-  Karin, blonde et vierge, est parée comme une princesse de conte de fée ; mais elle est coquette, menteuse et manipulatrice.

- Ingeri, brune enceinte, est la servante souillon de la famille. Sauvageonne qui s'adonne à un culte de sorcellerie chez un grand prêtre du culte d'Odin, elle semble pourtant plus authentique que Karin, et réagir plutôt en animal blessé. Serait-elle "en-sainte" (que le noble visiteur de ce blog me pardonne ce piètre calembour) ?…

Géniale scène du repas, du point de vue du petit frère, choqué, et qui voit les adultes se goinfrer "en silence."

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire