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lundi 25 avril 2011

"A room with a view" de James Ivory (1985) avec Helena Bonham Carter, Julian Sands, Maggie Smith et Daniel Day-Lewis

Je n'ai pas été autant sous le charme de cette histoire de passion contrariée et des personnages de ce film romanesque que j'avais pu l'être à sa sortie.
En 26 ans, de l'eau a coulé sous les ponts de l'Arno de ma vie sentimentale. En conséquence, le film m'apparaît plus aujourd'hui comme un joli film.

La beauté des paysages de la campagne toscane ("coquelicots et champs d'orge", pour citer le roman dans le roman) est gâchée par la musique inutile et pompeuse de Richard Robins, le

compositeur attitré des films Merchant-Ivory.
En revanche, j'ai beaucoup aimé la chanson que Lucy Honeychurch -quel beau nom !- (Helena Bonham Carter) a composée et qu'elle chante au piano. (J'aimerais la retrouver…)

Si Helena Bonham Carter m'a moins tourneboulé la tête qu'à l'époque, je l'ai trouvée néanmoins agile dans son jeu (registres, émotions) et plutôt subtile… contrairement à Julian Sands (qui joue son amoureux, George Emerson), ou à Daniel Day-Lewis (son fiancé, Cecil Vyse) qui en fait des caisses en jeune coq
rentier dandy collet-monté. Bonham Carter souligne parfois son jeu, mais son côté juvénile pousse à mettre cette maladresse sur le compte de la jeunesse du personnage.
De manière générale, les comédiens se débrouillent très bien avec un texte qui n'est pas facile.

Le jeu outré des Florentins est-il voulu ? Je pense au guide insistant et collant de Santa Croce ; ou au type blessé lors d'une bagarre dans la rue, qui tombe, mourant, la bouche ensanglantée et les yeux grands ouverts.
Que les hommes anglais soient excentriques et flegmatiques comme il convient m'a moins gêné, au contraire (je parle des seconds rôles). Mais la scène (ci-contre) où les plus émancipés d'entre eux s'ébattent nus dans l'eau est ratée : ils en font trop dans l'allégresse libératoire.

Scène du premier baiser entre Lucy et le fat Cecil au bord d'un lac : le coincé y perd ses lunettes (une invention florentine du XIVè siècle), comme il perdrait sa semence dans un rapport mou, froid et écourté.
Son histoire ratée avec Lucy aura le mérite de lui faire prendre conscience de son homosexualité.

"Every city has its own smell", dit Eleanor Lavish (Judie Dench, ci-contre) la romancière, dont le point de vue sur Lucy semble être une mise en abîme de celui de l'auteur.
Pour George et son père, c'est le pasteur sympathique (Simon Callow) qui, selon moi, est le relai de l'auteur.
J'ai particulièrement aimé :
- la belle italienne (ci-contre) que le Reverend Mr Eager force à descendre de la calèche pour cause d'étreintes contraires à la bienséance anglicane ;
- la belle lumière de Florence dans la première scène où Lucy joue au piano, seule dans un salon de la pension ;
- la représentation d'une fresque (de Giotto ?) en trois plans cuts de détails.
-la scène de maïeutique amoureuse de Lucy par Mr Emerson, le père de George.

Pourquoi les cadres coupent-ils si 
souvent le haut des têtes (surtout en 
début de film, il me semble)… Conséquence de la copie numérique ?

Le chapitrage ("Home". "Fiançailles officielles"), les textes introductifs de séquence (ci-contre) sont des partis pris formels qui reviennent à assumer l'origine littéraire de l'œuvre et donc à afficher l'adaptation elle-même. J'ai remarqué que, généralement, ça me plaît (dans d'autres adaptations).

J'aimerais lire le roman de E.M. Forster et revoir comment Ivory l'a adapté.

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