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lundi 26 septembre 2011

"L'armée des ombres" de Jean-Pierre Melville (1969) avec Lino Ventura, Pierre Meurisse, Simone Signoret, Jean-Pierre Cassel

Du grand, du pur cinéma. 
Chef d'œuvre d'efficacité, notamment dramatique.
Découpage et montage au scalpel.
Excellent scénario.

Les ombres sont des héros. Des vrais ; ça fait quand même toute la différence…
Melville disait qu'il avait attendu 25 ans avant de sentir capable de réaliser ce film qui s'inspire de son expérience dans la résistance.
L'humilité de Mathilde (Simone Signoret), personnage inspirée de Lucie Aubrac.
La pudeur des rapports. 
Entre eux, jamais de "merci".
Le mutisme de Lino Ventura (ci-contre), le de Niro français.

Usage singulier et réussi de la voix-off : 
- voix intérieure de certains personnages au "présent du récit": elle crée l'intimité avec les héros et une distance entre ce qu'on voit et ce qui est "écrit" ;
- une voix qui m'est apparu (sauf incompréhension) comme "narrative" : à la 27', celle d'un personnage que l'on a pas encore vu.

Quelques mouvements de caméra qui m'ont frappé :
- le travelling la nuit, lorsque Ventura s'enfuit du palais de l'état-major de la Gestapo ;
- un pano très rapide sur une plaque d'immeuble.

La lumière de Pierre Lhomme. Superbe nuit américaine dans la calanque marseillaise, lorsque Jean-François (Jean-Pierre Cassel, ci-dessous) va conduire le Grand Patron en barque jusqu'au sous-marin.
Mixage (bruits de botte entre deux scènes).

Géniale musique qui sera reprise par les "Dossiers de l'écran" (extrait de "Protest", de "Spirituals for orchestra" du compositeur américain Morton Gould).

Scène culte, inoubliable où Gerbier est conduit avec d'autres prisonniers dans le long couloir d'un champ de tir. Ses "dernières pensées", sur la peur, les livres de son modèle et ami, Luc Jardie (Paul Meurisse, ci-contre), personnage inspiré du héros de la résistance Jean Cavaillès, mathématicien et philosophe des mathématiques dont le dernier essai est réellement "Transfini et continu" (!)). 
Un officier SS leur explique la règle du jeu : une mitrailleuse est en batterie juste derrière les prisonniers. Au signal de l'officier, les prisonniers doivent courir aussi vite que possible vers le fond du champ de tir. L'officier donnera un peu d'avance aux condamnés avant de commander le feu. L'exécution de ceux qui atteidront le mur vivants sera ajournée… jusqu'à celle du prochain lot de prisonniers.

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