Nombre total de pages vues

samedi 12 novembre 2011

"Papillon" de Franklin J. Schaffner (1973) avec Steve McQueen et Dustin Hoffman

Film qui m'avait marqué dans mon enfance.
Peut-être pas le plus fin des nombreux films de captivité/évasion étudiés dans ce blog. Je pense en particulier aux scènes du début, de rapprochement entre Papillon (Steve McQueen, impressionnant) et Louis Delga (Dustin Hoffman).
Mais en le revoyant, je me suis dit qu'il est en même temps plus à même de
frapper un public jeune ; comme "Planet of Apes", autre film de Schaffner, dont la fin mythique s'est inscrite dans l'imaginaire des spectateurs de ma génération.

Une suite d'épreuves dans des conditions de contraintes extrêmes, inhumaines, donnant lieu à autant d'exploits témoignant d'un stupéfiant courage, d'une ténacité et d'une ingéniosité non moins admirables, avec la force d'impact (en fait en partie usurpée) d'un récit autobiographique.
Sur cette base déjà intense, Schaffner ose des audaces formelles et les réussit :
- la scène où Papillon, enfermé depuis des semaines dans le noir et le silence d'une cellule d'isolement, se nourrissant de cafards et de diplopodes écrasés dans du jus de chaussettes, se met à délirer : il se voit avancer
vers ses camarades d'infortune, et au fur et à mesure qu'il s'en rapproche, la caméra débulle, les personnages se transforment progressivement (sans effets spéciaux ? c'est magique !) en deux spectres haves vus la tête en bas.
- un matin, réveillé par les bruits de la réouverture du plafond de sa cellule, Papillon ouvre les yeux sur la lumière du jour et hurle. S'ensuit une séquence, où il s'astreint à sa marche rituelle des cinq pas d'un mur à l'autre (discipline de survie). Schaffner utilise l'effet de caméra subjective avec une incroyable efficacité : les murs sont flous, Papillon
s'y cogne. Dans une cellule exiguë, on ressent à quel point sa vision a été amochée.

Ici aussi (cf le post précédent), on a une scène de répit dans un environnement idyllique agrémenté d'accortes indigènes (ci-contre), lorsque Papillon se retrouve dans un village sur une île perdue, au large du bagne de Cayenne d'où il s'est échappé.
Scène déchirante de la fin, sur l'île du Diable, où Delga laisse sauter son pote du haut de la falaise dans la mer déchaînée (Steve MacQueen a tenu à faire lui-même la cascade).  Un sac rempli de noix de coco doit servir de flotteur. On s'identifie si facilement à Delga qui a renoncé à suivre l'insubmersible Papillon ! Il le regarde (ci-contre) braver les courants, s'en aller au large, porté par la septième vague… Lui ne pourra que faire demi-tour pour cultiver son potager et parler à ses cochons…

Je me souvenais de ce plan, à la fin, où l'on s'envole au-dessus de Papillon perdu dans l'immensité bleue, alors que la voix-off nous rassure sur la fin heureuse de cette "histoire vraie".
Mais aujourd'hui ce commentaire,  qui se contente de dire que Papillon a réussi à se libérer et qu'il a vécu la fin de ses jours "en homme libre", me laisse un peu sur ma faim ; et je vois l'homme grenouille sous le sac de noix.
En revanche, j'avais complètement oublié que le commentaire se poursuivait sur des plans documentaires d'un bagne de Guyanne qui constituent la séquence qui clôt le film. C'est probablement un apport de Dalton Trumbo, cinéaste engagé, victime du maccarthisme, co-scénariste de ce film qui a marqué le cinéma des années 70.
Un film produit par Robert Dorfmann, à l'époque où les producteurs n'avaient pas encore disparu du paysage cinématographique français.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire