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dimanche 15 janvier 2012

"Une femme est une femme" de Jean-Luc Godard (1961) avec Ana Karina, Jean-Claude Brialy, Jean-Paul Belmondo

« Je ne sais pas si c’est une comédie ou une tragédie ; en tous cas, c’est un chef d’œuvre. »
J’ai cru déceler de l'embarras dans le jeu de Jean-Claude Brialy lorsqu’il lui faut dire cette réplique dans les pseudo arabesques fantaisistes de la mise en scène godardienne. 
Comme je comprends sa gêne…

Godard m'agace souvent. Ici aussi. 
Ce qui me déplaît dans son cinéma, c'est que l'idée prévaut. 
L'esprit calviniste transforme l'enchantement du cinéma en une BD un peu narquoise, aux personnages ni réalistes ni vraisemblables.
"Une femme est une femme" est une sorte de marivaudage dont l'effronterie me paraît dépassée.
L'interprétation, style "mauvais théâtre assumé", me tape sur le système.
  
Mais pour être positif, j'ai bien aimé :

·               La belle Ana Karina (Angela).

·               Belmondo : étonnamment le plus sobre des trois, et plein de charme.

·               Ses hurlements derrière la porte à peine fermée, quand il s'est isolé dans une chambre avec Angela, avec l'accord d'Emile (Jean-Claude Brialy).

·               La scène où les flics débarquent chez Angela et Emile, le soir, parce qu'un terroriste a mis une bombe sur le boulevard. Ils font le tour de la pièce sans un mot et repartent en lançant, scandalisé, à Emile : "Vous lisez l'Humanité ? Bravo. Continuez."

·       La remarque grammaticale d'Emile, quand il répond à Angela :
- "Pourquoi c'est les femmes qui souffrent ?
"Parce que c'est elles qui font souffrir, ou ce sont elles, parce que l'un et l'autre est ou sont français, et se dit ou : se disent !"

·      Le dialogue où une fille prononce « straïpe taïze » :
- Mais non : "strip-tease".
- Mais non je t'assure : "straïpe taïze". C'est pas de l'anglais, c'est de l'américain."

·      Les titrages narratifs qui s'inscrivent en commençant par la fin, à l'envers, mais par bloc, ce qui est, par rapport à un envers "déroulé", plus étonnant et plus ludique pour le spectateur.

·               Alfred (Belmondo) quitte un café avec Maria, et n’a pas l’intention de régler leurs verres. Il s’adresse au barman :
- Je vous pose une question. 


Vous répondez par oui ou par non, d’accord ?
-                D’accord
-                Si vous répondez oui, je vous dois 10 000 Francs. Et si vous répondez non, c’est vous qui me les devez. D’accord ?
-                D’accord.
-                Voilà la question : est-ce que vous pouvez me prêter 10 000 Francs ?
-                … Non.
-                Alors, vous me les devez. Et moi, je vous les rends la semaine prochaine. »

C'est assez représentatif de l'esprit de l'homme qui a vu l'homme qui a vu le cinéaste impertinent du pays des banquiers.

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