Le chef viking parlant des chrétiens : "Those bastards, disciple of the white God, they eat their own God, its flesh, drink its blood. Abominable (…) They only have God. We have many."
"Le guerrier silencieux" est un personnage unique et inoubliable.
Et Mads Mikkelsen, qui l'incarne magistralement, porte le film de sa présence intense.
C'est un esclave borgne, invaincu dans les joutes organisées entre clans de vikings païens.
"Who are you ?" lui demande son maître barde (Alexander Morton), qui s'apprête à le vendre à un concurrent.
Longtemps, on croit y voir une sorte d'antéchrist.
A la fois diabolique :
- force terrible à l'état brut (en soi, pour soi),
- combativité haineuse : "He is driven by hate. That's why he never loses".
- détermination fatale (une machine à tuer) : un Viking (ci-contre) prophétise : "He'll come because he has to come. To finish it." Le plan d'après, sa tête est enfoncée sur un pieu par le guerrier.
- sauvagerie inouïe : "He's the biggest savage in Sutherland", dit un guerrier chrétien.
- cruauté sans borne : "What do you see ? Yourself ?… When I die, you will go back to hell", lui dit une de ses victimes, dont
le crâne explosé tient à peine sous la peau ruisselante de sang, avant que le guerrier ne l'éviscère vivant, à mains nues.
Et naturel :
- il n'est pas doté de supers-pouvoirs (on n'est pas dans le comics ni même le fantastique), il connaît la fatigue, la soif…
- c'est un être humain, rusé et ingénieux, même s'il est totalement mutique et inexpressif.
Bref, on peut y voir une figure anti-christique, une incarnation historique du Mal.
"Where does he come from ?" demande le chrétien Hagen (Gordon Brown) au petit Aar (Maarten Stevenson), l'unique compagnon du phénomène, qu'il a baptisé "One-Eye" :
-" He was brought up from hell…
- And where is this hell ?
- On the other side of the ocean."
La tension dramatique du film repose sur cette idée effrayante du personnage maudit venu des ténèbres, porteur muet de Malédiction.
Mais "Valhalla Rising" est un grand film.
Non seulement parce qu'il est envoûtant, d'une époustouflante maîtrise formelle…
- Visuellement, par exemple, les couleurs saturées, tabac, ocres et cendrées, ne font pas "pubesques". Elles sont non seulement propre à la lumière post-orageuse courante en Ecosse où se situe l'action, mais elles contribuent surtout à l'atmosphère de sombre et effroyable sauvagerie recherchée par Winding Refn.
Idem pour les visions prophétiques monochromes du guerrier silencieux. Le montage de ces scènes nous sort de la "réalité".
- Le travail du son est remarquable. Par exemple, dans la séquence (ci-contre) où ils sont dans l'embarcation en route pour Jérusalem, figés depuis des jours dans un dense et durable brouillard : on voit les silhouettes des croisés jeter à l'eau l'un des leurs (mort d'avoir bu de l'eau salée), mais on n'entend aucun bruit de chute dans l'eau ; que le craquement du bateau.
- Extraordinaire chorégraphie des personnages.
C'est un grand film aussi parce que déroutant, pas manichéen.
One-Eye va se révéler capable d'établir un lien affectif avec le petit Aar.
Et plus que ça : la fin du film ("Part VI : The Sacrifice") ouvre des champs d'interprétation intéressants sur la signification de ce personnage halluciné et complexe.
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