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mercredi 2 mars 2011

"Winchester 73" d'Anthony Mann (1950) avec James Stewart, Shelley Winters

“We've hit a lot of towns, Lin. What makes you think he'll be here”, demande High Spade.
- “He'll be here”, répond Lin.
"- We've been wrong before.
- He'll be here.
- On account of that?"  (la carabine Winchester 73)
"- If he isn't here already, that gun'll bring him."

Le fil rouge de la quête : la carabine mythique (l'exemplaire parfait du modèle : "One of one thousands").
L'originalité du scénario induit un film original : en suivant l'objet de la quête, nous découvrons de nouveaux lieux, de nouveaux personnages, avec de nouveaux conflits… 
Car l'objet n'est pas désiré uniquement par le héros, mais par tous les gunfighters qui croisent sa route (celle de l'objet). 
Les conflits se résolvent pratiquement toujours à l'arme à feu. Car pour obtenir et garder cet objet de désir totémique, il n'y a pas d'alternative, pas de négociation possible. Tous ceux qui se retrouvent (momentanément) en possession de la Winchester ont la même réponse : "I'm not selling".
Mais Lin (James Stewart) le héros principal, a parallèlement une autre quête : il traque le bandit Dutch Henry (Stephen McNally).
A un moment, le compagnon de Lin, "High Spade" (Millard Mitchell, ci-contre, qui en rajoute dans le style décontracté), lui demande les raisons de son acharnement à pourchasser Dutch. "Something a man has to do, and he does it", répond Lin. Des paroles que pourraient prononcer Will Kane dans « High Noon ». Mais dans « Winchester 73 » la nécessité qui meut le héros (et que l'on n'apprend qu'à la fin) ressort plus de la mythologie du western : la vengeance personnelle.

J'ai aimé toutes les scènes avec Steve (Charles Drake), le lâche, fiancé anodin de Lola (Shelley Winters).
La scène, par exemple, où ils sont poursuivis par les indiens : Steve "abandonne" Lola dans leur carriole pour aller chercher de l'aide. J'ai trouvé sa réaction de panique vraisemblable, limite compréhensible, d'autant qu'il revient rapidement vers elle. Cette ambiguité rendra par la suite la réaction de Lola (qui ne lui pardonnera pas) d'autant plus dramatique (pour prouver sa virilité, Steve finira par dégainer dans un geste suicidaire).
En attendant, dans leur fuite, Steve et Lola vont finalement rejoindre quelques soldats, eux-mêmes encerclés. Parmi eux, Doan (Tony Curtis, ci-contre), qui tombe sur la Winchester.
Comme tous les méchants du film, Dutch Henry est réussi.
Il y a aussi Waco Johnnie Dean (Dan Duryea), qui, à la barbe de Steve, fait le prédateur avec Lola, à qui il offre   ostensiblement le cadeau d'un "vrai mec" : une balle.
Puis, à Lola :
“- What was I saying?
- You were talking about yourself.
- Where did I stop ?
- You didn't. But you can now. I already know all about Waco Johnnie Dean, the fastest gun in Texas
- Texas? Lady, why limit me?

La scène (ci-contre) où Lin lui tord le bras pour lui faire dire où est Dutch


Henry est étonnante par sa soudaineté et sa violence : c’est une brèche dans la facture plutôt classique (on a quand même Rock Hudson en chef indien !) de ce western singulier.

Séquence finale : duel dans les rochers, le vent souffle. Le film se révèle être une tragédie  quasiment shakespearienne : Lin et Dutch sont frères. Lin doit venger leur père, flingué dans le dos par Dutch. 
Tuer son frère ne va pas de soi. Lin obéit à la loi du colt. C’est son père qui lui a appris à tirer, à lui comme à Dutch, le mauvais fils, voleur de banques…

Tuer son père… Un nœud dans la psyché états-uniennes… En 1950 en tous cas, ce n’était pas encore glorifié.

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